Sophie DUMAS & Patrick LAFFONT
Dossier d’élevage :
L’ EAM
Avant
toute lecture, les auteurs tiennent à préciser que cet article n’a pour but que
de répondre à la demande grandissante des membres du forum quant aux multiples
questions inhérentes à l’EAM. Il s’agit en fait de faire un tour d’horizon du
sujet en traitant les lignes essentielles et en abordant les bases. Il est
évident que nombreux points peuvent être approfondis, en particulier en
fonction des espèces à EAM (notamment les perroquets), pouvant faire l’objet
d’un ouvrage complet.
1. L’EAM c’est Quoi ?
« EAM » est un sigle très à la mode, que vous
avez tous dû voir à un moment où à un autre sur les petites annonces des sites
aviaires…Qui signifie « Elevage à la main » ou « Elevé à la main ».
L’EAM consiste en fait à remplacer les
parents naturels d’un oiseau non sevré par un éleveur. Celui ci devra donc lui
apporter la nourriture adaptée à sa croissance, mais aussi l’environnement
adéquat qui lui permettra un développement aussi bon qu’un élevage par les
parents (« EPP »).
2. L’EAM : Pourquoi ?
Il
est possible de se substituer aux parents pour différentes raisons :
• Abandon
des oeufs :
Diverses causes peuvent amener les
parents à abandonner la couvée (dérangement, inexpérience, etc.). Dans ce cas,
il est possible de prélever les oeufs (à condition que la température de
celui-ci n’ait pas chutée exagérément) et de les placer en couveuse. Les jeunes
à éclore devront donc être élevés à la main. Il est aussi possible de faire des
adoptions sous surveillance à la place.
• Abandon
des jeunes :
Au moment de l’éclosion, ou plus tard
durant la croissance des jeunes, les parents peuvent abandonner leur
progéniture, pour les mêmes causes que celles citées précédemment. De même ici,
l’adoption peut être une alternative.
• Mauvais
parents :
Un mauvais parent est un oiseau qui se
montre négligeant (souvent par inexpérience) ou agressif avec sa progéniture.
Dans ce cas, les petits sont prélevés pour être sauvés.
• Mort
d’un ou des parents :
Dans le cas d’un parent restant, ce
dernier prend en général la couvée en charge seul. L’éleveur peut cependant
prélever quelques jeunes pour lui alléger la tâche, ou alors compléter les
jeunes en EAM tout en les laissant au nid.
• Ponte
de remplacement :
Certains éleveurs prélèvent les oeufs de
la première couvée de l’année afin d’inciter les parents à re-pondre
rapidement, et ainsi avoir 2 nichées. Il faudra alors EAM la première nichée.
• Apprivoisement
:
Il est possible de prélever les oeufs ou
les jeunes à différents stades de croissance pour les nourrir soi-même à la
main, afin qu’ils soient plus ou moins imprégnés par l’homme. L’imprégnation
dépend de la durée de nourrissage, de la manipulation du jeune et de l’espèce.
On distingue donc 3 grandes vocations de
l’EAM : le sauvetage, l’apprivoisement et la ponte de remplacement.
3.
A partir du moment où vous décidez d’EAM
un oiseau, ne perdez jamais à l’esprit que sa vie est entre vos mains.
Le fait de le prélever signifie un engagement moral : il n’est pas pensable
d’envisager de se « faire la main » avec un premier oiseau sans s’être
donné tous les moyens pour y arriver.
De plus, c’est un engagement contraignant
demandant beaucoup de disponibilité et une rigueur sans faille.
4. Le Matériel Nécessaire
Quand on se lance dans
l’EAM, par nécessiter ou volontairement, la bonne volonté ne suffit pas. Voici
la liste du matériel, le vital comme l’idéal :
• La nourriture :
Il existe dans le
commerce des pâtées toutes prêtes destinées spécifiquement à l’EAM (ne
pas confondre avec les pâtées d’élevage tout court destinées aux
reproducteurs). Elles sont complètes et suffisent généralement à nourrir un
oisillon de l’éclosion jusqu’au sevrage. Elles se présentent sous forme de
poudre à diluer dans l’eau. Si la plupart se prétendent « multi-espèces », il
s’avère cependant que certaines conviennent mieux à certains types d’oiseaux
qu’à d’autres. On regardera en particulier le taux de graisses et de protéines.
La poudre est à diluée
dans de l’eau : eau en bouteille Volvic, ou eau bouillie à défaut.
Lorsque le sevrage approche, il est possible d’utiliser l’eau du robinet.
Attention, certaines eaux en bouteille contiennent trop de sels minéraux, il
est préférable de s’en tenir à
Lors des premiers jours
de nourrissage qui suivent l’éclosion, la solution servant à diluer la pâtée
doit être du type ringer lactate (réhydratant, rééquilibrant ionique :
chlorures sodium potassium calcium et lactate de sodium).
Certains éleveurs
utilisent des solutions glucosées ayant des propriétés semblables sur le
plan de l’hydratation. Cependant, on ne retrouve pas l’apport ionique mais un
apport calorique : ces solutions sont donc préconisées en cas de dénutrition,
et ce quel que soit l’age de l’oisillon.
Note : Il est fortement déconseillé de
fabriquer sa pâtée soi même ! Dans 99% des cas elle conduira à la mort de
l’oisillon dans de brefs délais. Certains éleveurs avaient à une époque leur
propre recette de pâtées d’EAM avec de bons résultats, mais leurs résultats ont
été meilleurs avec des aliments industriels
• L’outil de nourrissage :
Il existe trois types de
matériel pour EAM un oiseau.
La solution la plus
utilisée est un nourrissage à la seringue. On utilise dans ce cas une seringue
sans aiguille (achetée en pharmacie) pour nourrir l’oisillon. La taille de
la seringue varie de 1ml pour les premiers jours jusqu’à plusieurs dizaines de
ml avant sevrage, suivant l’espèce. Il est conseillé d’adapter la taille de la
seringue avec le volume de pâtée que peut ingérer l’oisillon en une seule prise
(cela évite que la pâtée refroidisse trop pendant un repas, s’il est nécessaire
de recharger plusieurs fois la seringue).
A cette seringue, il faut souvent rajouter un embout de
diamètre plus fin pour plus de précision si celui de la seringue a un diamètre
trop important. Pour faire l’embout, il est possible utiliser des embouts de
micro pipette en plastique rigide dont on coupe la base pour l’adapter à la
seringue, des sondes urinaires ou gastriques (produits vétérinaires ou
hospitaliers) que l’on peut de même couper pour ne laisser que la longueur
voulue.
On trouve aussi des seringues spéciales EAM chez certains
distributeurs spécialisés.
Notes :
- En cas d’embout
rigide, il faut faire attention à ne pas blesser l’intérieur de la bouche de
l’oiseau avec un geste brusque ou maladroit.
- Faire aussi
attention si les bords de l’embout sont tranchants (après une coupure au ciseau
par exemple) : le risque de blessure est alors important ; on tâchera dans la
mesure du possible de laisser les ustensiles intègres
- De plus, il est
indispensable de vérifier que l’embout est solidement attaché à la seringue, et
que celui ci ne peut pas être avalé par l’oiseau. Pour cela, on le fera
toujours assez long, voir même muni d’un butoir (type rondelle) à sa base pour
empêcher toute ingestion.
- Les seringues
achetées en pharmacie ne peuvent pas servir longtemps pour l’EAM. Elles ne sont
pas conçues pour une utilisation répétée (en fait elles sont conçues pour une
utilisation unique…). Le caoutchouc se durcit très vite, prévoir donc un stock
de seringues d’avance !
Il est possible de sonder l’oiseau pour le nourrir. Pour
cela, ce n’est pas un court embout qui est fixé, mais un embout long pour aller
directement dans le jabot. Il est possible d’utiliser ici aussi des sondes urinaires
ou gastriques, mais il existe des sondes prévues à cet effet, en métal et
rigides.
Il est important de
vérifier que l’oiseau ne puisse sectionner la sonde !
Enfin, certains
préfèrent le nourrissage à la cuillère. On peut se servir de cuillère en
plastique ou en métal, adaptée à la taille du bec de l’oiseau.
• L’environnement :
Il est nécessaire de
soigner l’environnement dans lequel va grandir l’oiseau, il est au moins aussi
important que la nourriture.
Le récipient qui
va accueillir l’oisillon doit être aéré, mais pas sujet aux courants d’air. La
température doit pouvoir y rester homogène tout en assurant un bon brassage de
l’air… Délicat ? Certes, mais indispensable !
Si l’oisillon est tout jeune, et il faut pouvoir le caler
contre quelque chose (sopalin, petit récipient, etc.) c’est plus rassurant pour
lui et cela évite qu’il « roule » d’un bout à l’autre de son récipient.
Attention à la matière de ce nid artificiel : il doit pour
être facilement nettoyé, le bois n’est donc pas conseillé car beaucoup de
parasites, champignons et bactéries peuvent s’y cacher même avec une bonne
désinfection. Le métal présente l’inconvénient d’être trop sujet aux variations
de la température extérieure : s’il fait froid le métal est très froid, et
inversement, s’il fait chaud le métal va très vite chauffer. Le plastique reste
le plus utilisé.
Ensuite, il faut
maintenir une température adéquate : une lampe infrarouge peut être
placée au-dessus de l’oiseau pour le réchauffer.
Note : Attention à ce qu’il ne puisse pas
s’y brûler !
Utiliser une lampe infrarouge peut être suffisant pour un
oisillon déjà bien plumé, à condition d’utiliser en complément un thermomètre
et de s’assurer que la température reste stable !
Dans l’absolu, il est
conseillé de conserver l’oisillon dans une certaine pénombre, et donc de placer
un écran entre la lampe et lui.
Une autre alternative à
la lampe est un cordon chauffant type terrarium, que l’on ne place
jamais en contact direct avec l’oiseau. Il faut par contre adapter la puissance
et la longueur du cordon en fonction de son installation.
Aussi important que la
chaleur, une certaine humidité doit être conservée, en particulier dans
les jours qui suivent l’éclosion. Pour cela, on peut utiliser un récipient
d’eau (changée une fois par jour) à laquelle on ajoute un antifongique, ou du
coton/tissu trempé (changé de même).
Note : Attention au risque de noyade! Il
est important de couvrir ce récipient avec un grillage.
Si l’air est trop sec, il peut arriver que l’oisillon se
déshydrate trop vite, qu’il ait du mal à ouvrir les yeux ou que les plumes
présentent un fort retard de développement.
On peut contrôler l’humidité avec un hygromètre.
La litière utilisée doit
être saine et éviter tout risque de blessure pour l’oisillon. Le sopalin est
le plus utilisé. Il faut le changer dès qu’il est souillé.
Note : A proscrire : ce qui est poussiéreux
ou trop volatile et qui pourrait se mettre dans les yeux et voies respiratoires.
Bien sûr, il existe un
outil qui regroupe toutes ces fonctionnalités : la couveuse ou l’éleveuse.
Elles présentent l’avantage une fois réglées de réguler la température et
l’humidité elles-mêmes, elles peuvent se programmer à l’avance et sont un moyen
sûr pour réussir un EAM. C’est un investissement indispensable pour ceux qui
doivent faire de l’EAM régulièrement.
De nombreuses couveuses
sont disponibles dans le commerce, conçues de façon à être facilement nettoyées
et désinfectées, ce qui est rarement le cas des couveuses de fabrication
artisanale.
Un peu avant le sevrage,
quand l’oiseau commence à se déplacer, grimper, et se muscler les ailes, il est
préférable de le placer dans une petite cage avec des perchoirs, une
mangeoire et un abreuvoir à disposition.
Pour faire la
préparation de la nourriture, prévoir un récipient, une fourchette,
et un micro-onde. Le récipient et la fourchette doivent être réservés à
cet usage là uniquement pendant toute la période de l’EAM, pour des raisons
d’hygiène.
• Nettoyage et désinfection :
TOUS les éléments servant de
près ou de loin pour l’EAM doivent être nettoyés entre chaque nourrissage (avec
une solution détergente) et désinfectés tous les jours (avec une solution
javellisée ou en faisant bouillir les ustensiles de nourrissage). La chaleur
l’humidité, la pâtée sont des facteurs qui favorisent le développement des
bactéries et des champignons. Penser à bien rincer après nettoyage, surtout la
seringue et l’embout.
Il faut impérativement
se laver les mains avant chaque nourrissage et préparation, en étant
d’autant plus rigoureux que l’oiseau est jeune.
• Contrôle du poids :
Certains se servent
d’une balance de précision (au gramme près) pour contrôler la bonne
croissance de l’oisillon (peser l’oiseau à jeun avant les repas toujours à la
même heure). Il faut donc avoir en parallèle une courbe de croissance normale
de l’espèce concernée (on en trouve sur Internet en cherchant un peu).
Les habitués de
l’élevage arrivent à voir sans balance si l’oiseau grandit et grossit
correctement : il suffit d’avoir auparavant observé plusieurs nichées EPP.
Ondulées
5,7,9,11 et 13 jours
Un bon compromis est
d’avoir à sa disposition des photos à des ages différents d’oisillons EPP de la
même espèce, pour pouvoir comparer.
Courbe de croissance
d'un oiseau nidicole Clubb KJ et coll., 1992
5. Schéma d’anatomie
6. Les Techniques :
Il existe 3 techniques
d’EAM : le nourrissage à la seringue, le nourrissage à la sonde, et le
nourrissage à la cuillère.
Pendant un nourrissage,
l’oisillon doit être posé sur une surface propre non glissante (type
sopalin) ou tenu en main suivant son age, en contention.
Position de contention : la paume de la main
est placée sur le dos de l’oiseau, le corps (en particulier les pattes et les
épaules) est tenu par les 3 derniers doigts de la main ; l’index et le pouce,
posés sur les joues de l’oiseau, tiennent la tête dans le prolongement du corps.
Si l’oisillon est très
jeune, il est souvent nourri sur le dos par les parents. Il faut respecter
cette position autant que possible, puis passer à une position debout dès qu’il
le peut. Veillez impérativement à ce que l’oisillon ne se refroidisse pas,
ou alors nourrissez le sous source de chaleur.
Après chaque repas, il faut vérifier que l’oiseau est bien
propre et si besoin il faudra nettoyer avec un torchon humide les plumes
collées par la pâtée.
Note : il ne faut surtout pas laisser les
plumes autour du bec sales après le nourrissage. En séchant, la pâtée se durcit
et il est très dur de l’enlever : il faut alors mouiller abondamment à l’eau
chaude, et en général l’oisillon y laisse quelques plumes…
Après chaque
nourrissage, le jabot doit être tendu et bien rebondi. On doit voir une
très nette différence de taille avant et après les repas. On peut voir le
niveau de remplissage à travers la peau du coup : il ne faut pas que la pâtée
remonte plus que la moitié du cou, idéalement elle s’arrête à sa base.
Le nourrissage à la
seringue est le plus répandu. Il faut pour cela utiliser une seringue et
éventuellement un embout.
Une fois la température
de la pâtée vérifiée et la seringue remplie, l’oiseau est positionné, la tête
droite et le cou légèrement tendu.
Introduire doucement l’embout dans le bec, jusqu’au milieu du
bec, pas plus loin. Il est préférable d’orienter l’embout vers le fond à
gauche du bec quand on regarde l’oiseau dans les yeux, soit au fond à
droite de sa gorge pour lui.
Un oisillon qui a déjà
eu plusieurs repas prend en général l’embout lui-même et « tète », il n’y a
rien d’autre à faire que d’appuyer doucement sur la seringue. Si le flux est
trop rapide, l’oiseau se met à
tousser et recrache
l’embout, ou alors laisse déborder le surplus de chaque côté de son bec… il n’est
pas conseillé de le forcer dans ce cas là.
S’il s’agit des premiers
repas, et que l’oiseau est tout jeune, il mangera par automatisme ce qui est
chaud et liquide et qui lui coule dans le bec. S’il est un peu plus vieux, il
est possible au début qu’il refuse la seringue. Rien ne sert d’insister et de
l’inonder pour qu’il en absorbe une quantité suffisante, il vaut mieux lui
mettre une goutte, le laisser « apprécier », et revenir quelques minutes plus
tard lui re-proposer. En général, les oisillons réclament la seringue au bout
du 3ième ou
4ième nourrissage.
• Nourrissage à la sonde
Le nourrissage à la
sonde consiste à introduire une sonde venant déposer la pâtée directement dans
le jabot de l’oiseau. Il peut être effectué pour plusieurs raisons : plus de
rapidité, pour garantir une température constante de la pâtée, pour nourrir un
oiseau adulte malade, etc.
Il est beaucoup plus
délicat : il faut être sûr que la pâtée ne soit pas trop chaude. L’oiseau
n’ayant pas la possibilité de recracher, il pourrait gravement se brûler le
jabot. De plus, si la taille de la sonde n’est pas adaptée, que l’oiseau n’est
pas bien positionné, qu’il se débat, il peut se blesser l’oesophage et/ou le
jabot. Enfin, si la sonde est introduite par erreur dans les voies
respiratoires, la pâtée s’y déversant est mortelle immédiatement.
C’est pourquoi ce nourrissage doit être employé avec
précaution, en toute connaissance de cause et exclusivement par une personne
avertie.
Pour intuber l’oiseau,
il faut déjà s’assurer que la taille de la sonde (diamètre et longueur)
lui correspond. Ensuite, tenir fermement l’oiseau et lui introduire le tube au
fond de la gorge à gauche quand on le regarde dans les yeux. Il ne faut pas
forcer : l’oiseau va déglutir naturellement et avaler le tuyau par le bon
orifice.
Note : En cas
d’introduction dans les voies respiratoires, la réaction de l’oiseau est
violente : il se débat, tousse, a du mal à respirer.
Il est utile de marquer
le tuyau à la longueur qui doit être introduite dans le jabot, de façon à
l’enfoncer ni trop, ni trop peu. Si on a des doutes, il est éventuellement possible
pour s’assurer de la bonne longueur la première fois, venir faire butter le
bout de la sonde contre le fond du jabot… Attention cependant, une
perforation du jabot serait mortelle. Ensuite il faut retirer un peu le
tuyau de façon à ce que l’extrémité soit au milieu du jabot.
Une fois la sonde
introduite, il suffit d’appuyer sur la seringue. Le débit est plus important
puisque l’oiseau n’a pas besoin de déglutir.
Il est préférable de ne
pas avoir à intuber plusieurs fois par repas un oiseau : prévoir une seringue
assez grosse pour lui donner la quantité adéquate en une seule prise.
• Nourrissage à la cuillère
Le nourrissage à la
cuillère est moins pratiqué pour plusieurs raisons : dans une cuillère la
pâtée refroidit extrêmement vite, et le temps de donner le nombre de
cuillérées nécessaires, la pâtée doit être réchauffée plusieurs fois.
De plus, l’oisillon en tétant le bord de la cuillère se
badigeonne en général copieusement le tour du bec et la poitrine… ce qui
nécessite un nettoyage quasi systématique après chaque repas.
Cependant, voici
quelques conseils si vous souhaitez appliquer cette méthode : il faut
surveiller tout particulièrement la température de la pâtée. Faire chauffer la
cuillère en la trempant dans de l’eau bien chaude peut aider.
Pour manger, l’oisillon vient mordre le bord de la cuillère
et laisse couler la pâtée dans son bec.
Cette méthode présente
l’avantage qu’il y a très peu de risque de blesser l’oisillon dans la bouche
comme avec un embout ou une sonde.
7. Horaires, Croissance et Températures
• Les premières heures de vie jusqu’à l’ouverture des yeux
Les premiers jours de sa
vie, le jeune oiseau doit être placé dans un environnement sain, à une température
de 37 à
L’humidité doit être surveillée elle-aussi, et maintenue les quelques
premiers jours à environ 60%.
Le premier nourrissage
s’effectue entre 1H et 10H après l’éclosion, suivant les espèces. En
effet, les plus petites (perruches ondulées) ont un métabolisme plus rapide et
ont besoin d’un apport nutritif rapidement après l’éclosion, à l’inverse d’oiseaux
plus gros (perroquets).
Chez les Psittacidés, il
n’est pas nécessaire de laisser l’oisillon jeûner les premières 24 heures pour
permettre l’absorption du vitellus.
La pâtée doit être
donnée à une température de
Note : II est impératif
de toujours vérifier cette température pour l’ensemble des nourrissages
jusqu’au sevrage. Le risque de brûlure est important en cas de négligence. Pour
comparaison, ce doit être la même température que celle d’une soupe bien chaude…
Les premiers repas
doivent être donnés très liquides. On utilisera en particulier pour les
premiers repas une solution de ringer lactate ou une solution glucosée pour
effectuer la dilution. Ensuite, de l’eau bouillie ou de Volvic est utilisée.
Le jabot n’étant pas
encore détendu, les premiers nourrissages seront peu chargés mais fréquents,
toutes les 2H maximum, et il est même conseillé de nourrir la nuit au moins
les 2 premiers jours. On augmentera la quantité et espacera les prises petit à
petit. Il ne faut pas que l’oiseau reste plus d’une heure le jabot vide, et il
doit digérer sa ration en moins de 2h les premiers jours.
Note : Ne jamais
re-nourrir un oiseau qui n’a pas le jabot complètement vide !
La consistance de la
pâtée, complètement liquide début, devient plus épaisse et quand l’oiseau est
sur le point d’ouvrir les yeux, comme une soupe épaisse.
L’oiseau naît sans
plume, tout au plus recouvert d’un duvet les premiers jours. Il est très facile
de suivre son évolution, qui est flagrante les premiers temps. Si vous utilisez
une courbe de croissance, l’oiseau doit être pesé toujours à la même heure,
et avant nourrissage (jabot vide).Certains se servent d’une balance de
précision (au gramme près) pour contrôler la bonne croissance de
l’oisillon.
• De l’ouverture des yeux jusqu’aux plumes
L’ouverture des yeux correspond
approximativement pour toutes les espèces au moment où l’oiseau doit être bagué
(attention, cela varie pour certaines espèces…). Si l’on constate que
l’oiseau a les yeux bien ouverts mais que la bague ne peut toujours pas être
mise, il faut s’inquiéter et vérifier qu’il n’y ait pas de retard de
croissance.
Les repas vont s’espacer
petit à petit, il sera possible de faire des nuits de 6H sans nourrissage (si
la croissance est normale). Dans tous les cas, le repas doit être digéré en
moins de 4H tant que l’oiseau n’est pas bien plumé. La fréquence des repas
va passer de 6 par jour à l’ouverture des yeux (6H - 10H – 14H – 18H – 20H –
24H) à 4 par jour quand l’oiseau est plumé (8H – 12H – 17H – 23H). Le premier
repas de la journée est toujours absorbé plus rapidement que les autres.
La pâtée donnée devient
plus épaisse, comme de la pâte à crêpe. Si la pâtée est trop liquide, les
fientes du jeune seront elles aussi chargées d’eau et il se peut que l’apport
nutritif soit trop faible, mais si elle est trop épaisse, il y a risque de
déshydratation et de blocage de jabot (trop difficile à digérer).
Note : Un test utile
pour vérifier l’épaisseur : si l’on prend de la pâtée dans une cuillère à café
que l’on retourne, elle ne doit JAMAIS rester collée, même dans les derniers
nourrissages.
La température ambiante
va aussi diminuer progressivement, pour atteindre
Note : Ces horaires et
températures doivent être adaptés en fonction de l’oiseau, de l’espèce, de sa
croissance, etc. Si l’oiseau est faible, blessé, malade, présente un retard de
croissance, digère trop lentement, c’est à l’éleveur de réagir en augmentant la
température, nourrissant plus souvent et diluant plus la pâtée, etc.
• Juste avant sevrage
Quand l’oiseau est
plumé, il va commencer à vouloir marcher, battre des ailes, goutter les copeaux
et les miettes par terre. C’est le moment, en plus des nourrissages, de lui
présenter des graines (en général, ce sont des grappes de millet) et de le
passer en cage.
La température va
baisser toujours progressivement pour atteindre 20-
Les repas vont passer de
4 par jour à 3, 2 puis enfin un seul, toujours celui du soir pour que
l’oiseau ne se couche pas le ventre vide.
• Exemple…
Voici à titre d’exemple,
les températures et horaires à respecter pour une perruche ondulée présentant
un développement normal.
ATTENTION, ceci ne peut
pas être appliqué tel quel pour d’autres espèces !
Jours 1 à 7 |
Jours 8 à 14 |
Jours 15 à 21 |
Jours 22 à 28 |
Jours 28 à 35 |
|
Croissance |
Jour
1 : 2g sans duvet. |
Jour
8 : baguage. Jour
10 : le duvet sort et les yeux s’ouvrent. Jour
14 : les tubes des ailes sortent. |
Jour
21 : les plumes des ailes sont sorties. |
Jour
28 : le corps est plumé. |
Jour
30 : début de vol. Jour
35 : sevrage. |
T° ext. |
|
|
|
|
|
Quantité |
1 goutte/repas → 1ml/repas |
2ml/repas |
3 ml/repas |
4 à 5 ml/repas |
4 à 5 ml/repas |
Consistance |
Liquide
→ soupe |
Soupe
→ Pâte à crêpe |
Pâte
à crêpe → pâte à gâteau |
pâte
à gâteau |
pâte
à gâteau |
Fréquence |
Toutes
les 2H → 6H
– 9H – 12H – 15H – 18H – 21H – 24H |
8H
– 11H – 14H – 17H – 20H – 23H |
8H
– 12H – 16H – 20H – 23H |
8H
– 12H – 17H – 23H |
1
repas matin +
1 repas soir →1
repas soir |
8. Les Problèmes les plus Courants
• Le plus redouté : le blocage de jabot.
a) C’est quoi ?
C’est une stase dans le
jabot du bol alimentaire : la ration de gavage n’est pas assimilée et
reste statique dans le jabot non fonctionnel.
Il s’agit d’une urgence
vitale pour l’oiseau. Si l’éleveur n’intervient pas rapidement, l’oiseau
sera mort dans les heures qui suivent.
b) Que peut-on faire ?
On peut utiliser soit du
jus de pomme, soit plus couramment du vinaigre de cidre dont les
propriétés contribuent au bon fonctionnement du système digestif.
Entre autre, ces
produits favorisent la digestion lente et créent des conditions favorables au
renouvellement de la flore intestinale, en augmentant les enzymes.
Les propriétés sont donc
multiples : Aident à la digestion et favorise la flore Gram+ (régénère la flore
intestinale), nettoient le canal urinaire et permet de maintenir une solution
acide. Ils aident également à éliminer les toxines, en étant adjuvant au
drainage et au nettoyage des différents filtres de l’organisme (foie et reins
en particulier). Enfin, ils préviennent les problèmes de constipation, de
spasmes et les gaz intestinaux.
Il ne faut surtout pas
donner une pâtée trop épaisse pour tenter de rattraper un retard de croissance,
cela ne ferait qu’aggraver le problème.
c) Causes les plus fréquentes :
Température de la pâtée
et température extérieure : la pâtée proposée est trop froide alors qu’elle doit être
impérativement aux alentours de 35°c.
Ou alors, le jeune a
froid, il dépense de l’énergie à se réchauffer, s’épuise et ne parvient plus à
digérer.
Onctuosité : une pâtée trop épaisse
peut conduire à un blocage. Les premiers jours de vie, ce sera plutôt une
solution hydratante, à peine chargée de poudre de pâtée. Puis on passe à partir
de 5 jours à une « pâte à crêpes », puis à la « pâte à gâteaux » à partir de 15
jours ; Enfin une pâte épaisse jusqu’au sevrage.
Jabot non vidangé : si le jabot contient
encore de la pâtée de la distribution précédente, il est dangereux de le
recharger. Des bactéries peuvent en effet se développer dans la pâtée qui
stagne au fond du jabot.
Candidoses : affections dues à des
levures (Candida), qui mettent à mal de la fonction digestive. Il est impératif
de demander conseil à un vétérinaire aviaire, qui prescrira un
traitement adapté (en général type mycostatine).
d) Comment agir :
Le facteur le plus
important est le facteur temps. Plus on tarde à déceler un blocage de jabot,
moins on laisse de chance de survie à l’oiseau.
En premier lieu, il faut
vidanger le contenu du jabot et on dispose de deux méthodes :
• On essaye de relancer la digestion de façon
naturelle en introduisant dans le jabot du jus de pomme ou du vinaigre de cidre
chaud. Les propriétés acides des deux favorisent par divers mécanismes le «
redémarrage » de la digestion. Un massage du jabot aide à désagréger le contenu
du jabot.
• La deuxième méthode plus délicate parce que demandant des
gestes techniques est à réserver à des personnes plus expérimentées dans la
manipulation de matériels spécifiques et de l’oiseau. Elle consiste à
introduire une sonde dans le jabot pour en vidanger le contenu par
aspiration buccale de l’éleveur.
Une fois cette opération
effectuée, il est nécessaire de rincer le jabot à l’aide d’une solution à base
de vinaigre de cidre diluée à 50% avec de l’eau de Volvic (ou du sérum
physiologique) à 35°c : il faut pour cela injecter la solution dans le jabot et
la vidanger dans la foulée.
e) Et après ?
Après un blocage de
jabot, si l’oiseau a été sauvé, il est impératif de ré introduire
l’alimentation progressivement. Pour cela, la pâtée devra être très légère
(très diluée), à température et distribuée fractionnée, c'est-à-dire en
plusieurs prises sur la journée (au moins le double qu’auparavant) et en
quantités réduites.
• Le retard de croissance :
a) C’est quoi ?
L’oiseau EAM ne suit pas
la courbe de poids de référence (il est en dessous), il présente des signes
visibles de malnutrition, son plumage est peu développé et en retard,
l’oiseau est amorphe. En général, les pattes sont « maigres », l’oiseau
doit être bagué plus tard que la normale, preuve d’un amaigrissement important.
b) Les causes :
• Fréquence des repas trop espacée : L’éleveur doit
nourrir plus souvent. Un bon principe veut que l’oiseau ne reste pas le jabot
longtemps vide en tout cas les premières semaines sous peine de puiser dans son
capital graisseux trop pauvre au détriment de son développement.
• La quantité distribuée trop faible : Dans ce cas les
conséquences sont les mêmes que celles citées précédemment. Un jabot plein est
bien tendu et rebondi (pour les oiseaux pas encore plumés, on le distingue en
haut des épaules).
• Pâtée trop liquide : Si la pâtée administrée n’est
pas assez riche en poudre, l’apport calorique est trop pauvre et par conséquent
l’oiseau est en carence.
• Un problème lié à la température : si la pâtée
ingérée est trop froide ou que la température extérieure est insuffisante, le
petit dépense inutilement de l’énergie pour se réchauffer, et grandit plus
lentement.
• Cause pathologique : Candidose, méga bactériose… en
cas de suspicion, se mettre en rapport avec un vétérinaire aviaire pour
effectuer des analyses et poser un diagnostic et s’il y a lieu traiter.
c) Que faire :
Tout simplement corriger
immédiatement une de ses causes identifiées + /- un complément vitaminé.
• Les atteintes traumatiques :
Attention aux sondes,
embouts et autres matériels utilisés qui peuvent léser les tissus et muqueuses
de l’oiseau.
Toujours utiliser ces dispositifs en conservant leur
intégrité. Si vous devez les recouper, veillez à ne pas laisser d’arrêtes vives
ou potentiellement blessantes.
Une pâtée trop chaude
peut occasionner des brûlures sur le trajet qu’elle emprunte jusqu’au jabot (langue,
oesophage, jabot) et provoquer des lésions graves et/ou infectieuses.
Une astuce consiste à tester la température de votre pâtée
sur votre lèvre supérieure (en dessous du nez) ou sur la partie du poignet à la
base de la paume de la main.
9. Le sevrage : la phase la plus difficile.
• Le sevrage oui, mais quand ?
Un bon moyen de savoir
quel est l’âge idéal de sevrage est le moment où l’oiseau apprend à voler.
Il faut commencer à lui présenter de la nourriture solide quand il
commence à effectuer ses premières sorties.
Note : Un oiseau ne peut
pas être sevré tant qu’il ne sait pas voler correctement.
Il faut compter entre
une semaine et un mois à partir de ce moment là pour terminer le sevrage,
suivant les espèces.
Selon les espèces que
vous EAM, l’âge du sevrage varie du simple au double. Ce qu’il est intéressant
de retenir, c’est que c’est un cap difficile à passer pour votre oiseau en
matière de mise à l’épreuve de son organisme.
En effet, durant cette
période, vous allez réduire la fréquence et la quantité de nourrissage pour
favoriser son autonomie et l’objectif est d’atteindre l’arrêt du gavage.
• Le sevrage oui, mais comment ?
Le sevrage doit se faire
en cage ou volière, et non dans une éleveuse. Il faut permettre à
l’oiseau d’évoluer dans un environnement proche de celui où il vivra ensuite.
La difficulté réside
dans le fait que votre oiseau quémande plus et reçoit moins. Il faut être
rigoureux et tenace pour encourager l’oiseau à se nourrir seul. Si vous craquez
et apportez trop de pâtée, le sevrage sera retardé et l’oiseau affaibli.
Il est préférable de donner le dernier repas par gavage le
soir et non le matin ou en journée. Ainsi, l’oiseau ne se couche pas le
ventre vide.
Cependant, c’est le
moment ou il faut être très vigilent, bien observer le comportement de votre
oiseau vis-à-vis de la nourriture et de l’eau.
Pour ce faire, on
privilégie le millet en grappe qui est particulièrement recommandé pour
« éveiller » les comportements alimentaires. On met à disposition une gamelle
de graines en mélange approprié à l’oiseau ainsi qu’une gamelle d’eau fraîche,
le tout bien à disposition et facile d’accès.
On conseillera aussi de
ne pas laisser l’oiseau seul pendant cette période, c’est à dire de le
mettre avec d’autres oiseaux, si possible de son espèce, afin qu’ils apprennent
les comportements de groupe avec ses congénères, et qu’ils prennent ses repères
en tant qu’oiseau.
En cas de sevrage difficile, il est
fortement conseillé de placer le jeune avec d’autres oiseaux, si ce n’est pas
déjà le cas. Il les imitera et apprendra mieux à manger de lui-même.
• Perte de poids
Si vous utilisez une
courbe de poids, il ne faudra pas s’étonner que l’oiseau perde de sa masse
corporelle (jusqu’à 20%), cela est dû au fait qu’il brûle des calories qui
sont moindrement apportées par la main de l’éleveur et insuffisamment absorbées
par l’oiseau lui-même.
Une fois le cap du
sevrage passé, l’oiseau doit reprendre sa courbe de poids et celle-ci doit
progresser à nouveau.
10. Les Erreurs à Eviter
Voici un petit
récapitulatif des erreurs les plus courantes dans l’EAM.
- Insérer de la pâtée dans les voies respiratoires :
en sondant ou tout simplement en forçant trop un oisillon qui refuse de manger.
- Blesser l’oiseau pendant le nourrissage: blessure
dans la bouche avec l’embout de la seringue, blessure du jabot ou de l’oesophage
avec la sonde : blessure mortelle selon gravité.
- Ne pas attacher l’embout à la seringue/utiliser un
embout trop petit : risque d’ingestion par l’oiseau. Dans ce cas, aller
chez un vétérinaire dans les plus brefs délais : l’oiseau n’évacuera pas
l’embout par voies naturelles et sera conduit à la mort à court ou moyen terme.
- Utiliser de la pâtée « maison » : mortel pour
l’oisillon, il est utopique d’espérer fabriquer une pâtée complète : contenant
les bonnes proportions de graisses, protéines, enzymes, vitamines,
oligo-éléments…
- Placer la lampe chauffante trop près : risque de
brûlures ou de déshydratation
- Mettre un récipient d’eau non protégé pour humidifier
l’air : risque de noyade !
- Utiliser une litière poussiéreuse : irrite les yeux
et les voies respiratoires.
- Ne pas nettoyer les plumes après chaque nourrissage :
ceci n’est pas mortel certes, mais peu esthétique et très désagréable pour
l’oiseau. Il perdra beaucoup de la qualité de ses plumes.
11. L’EAM … et Après ?
• Education du jeune oiseau :
Comme dit précédemment,
l’EAM se limite essentiellement au nourrissage et l’habitude de la main de
l’homme. Mais l’oiseau ne sera pas pour autant apprivoisé si on se
limite à ça. Tout dépend des attentes de l’éleveur. De plus, certaines espèces
nécessitent plus de manipulation que d’autres pour être apprivoisés, sont moins
« imprégniables ». Ils en existent même qui ne s’apprivoisent quasiment pas, et
redeviennent sauvages dès la maturité.
Si on destine l’oiseau à
être de compagnie, il faut le manipuler dès la première prise en charge,
le caresser, lui parler…et ce le plus souvent possible en respectant tout de
même ses temps de repos !
Par la suite,
l’éducation se fait toujours en douceur et dans un souci de respect mutuel.
Vous devez respecter le fait qu’il n’ait pas systématiquement envie que vous le
tripotiez, mais n’acceptez pas qu’il vous morde. Il ne sert à rien de forcer
l’oiseau à faire quelque chose, il n’en retirera que dégoût et peur, et il
perdra son apprivoisement.
Il va vous falloir aussi
instaurer des règles qui vous faciliteront la vie : lui apprendre à rentrer
dans sa cage sur demande ou à ne pas hurler pour vous appeler (plutôt lui
apprendre à siffler ?).
• Bien être :
L’erreur la plus
courante avec les oiseaux de compagnie est l’anthropomorphisme. Ce nom
barbare désigne la tendance qu’a l’homme de vouloir transposer son propre
comportement et ses propres sentiments à l’animal.
Or, il est essentiel de
respecter la nature du perroquet : il a besoin de voler, de s’occuper,
doit avoir une nourriture adaptée, et surtout : il a besoin de la
compagnie de ses semblables. Certes, laisser un oiseau EAM seul toute la
journée pour qu’il soit débordant de joie de vous voir le soir est très
agréable pour le propriétaire, mais absolument horrible à vivre pour l’oiseau.
Il est tout à fait
possible d’avoir plusieurs oiseaux EAM ensemble, et que tout le monde cohabite
parfaitement bien.
• Suivi :
Le sevrage s’est bien
passé : tant mieux ! L’éducation de l’oiseau se déroule bien : parfait !
Mais il ne faut pas relâcher votre travail, le jeune oiseau
doit avoir de l’attention tous les jours, au moins une heure, sous peine de
régresser voire par la suite de déprimer…
• Retour avec l’EPP :
L’EAM n’étant pas
forcément destiné à obtenir un oiseau de compagnie, la plupart des jeunes EAM
retournent avec leurs semblables juste après sevrage.
Il n’y a pas de
précautions particulières à prendre : si l’oiseau a été peu manipulé dans un
souci de ne pas trop l’imprégner, son instinct le guidera vers les
autres qui l’accepteront normalement.
Il est aussi possible de
former un couple avec un oiseau EAM très apprivoisé et un oiseau EPP.
Cependant, il est préférable que l’oiseau EAM ne soit pas resté seul avec
l’homme trop longtemps.
Certaines espèces où
l’apprentissage est aussi important que l’instinct (grands perroquets)
acceptent difficilement un compagnon après plusieurs années de vie en
exclusivité avec l’homme, et peuvent même se montrer mauvais parents.
Il y a de nombreux
avantages à former un couple EAM/EPP : l’oiseau EAM même s’il redevient un peu
sauvage (si on ne le manipule plus assez), accepte mieux la présence de l’homme
lors des nichées et se montre moins émotif aux changements.
Avec de la patience, il
est même possible que le partenaire EPP devienne très confiant envers l’homme.
Petit bémol cependant,
certains oiseaux EAM mis en reproduction deviennent dangereux pour leur éleveur
: n’ayant absolument pas peur de l’homme, ils défendent leur progéniture avec
une violence non tempérée par la méfiance qu’il devrait avoir s’ils avaient été
EPP… cela dépend de l’espèce et du caractère propre à l’oiseau, il est
impossible de faire une généralité.
Conclusion
L’élevage à la main, à l’évidence, n’est pas réservé à
l’élite du monde des éleveurs aviaires, il est possible de respecter
scrupuleusement les recommandations et conseils qui ont été énoncés
précédemment pour en être témoin et convaincu.
Cependant,
il faut insister sur le fait qu’il est toujours préférable d’apprendre auprès
d’un éleveur expérimenté en EAM pour voir et pratiquer les gestes nécessaires
auprès de lui, plutôt que de « tenter le coup » en ne connaissant que la
théorie… Nous insistons pour que tous comprennent qu’il n’est pas pensable de
risquer la vie d’un oisillon avec des méthodes approximatives et un manque
d’expérience.
Enfin, a partir du
moment où l’éleveur aura bien conscience que l’EAM est intimement lié à rigueur
et disponibilité, le poussin pris en charge en sera le premier
bénéficiaire et le dit éleveur le garant de la santé, de la croissance et de
l’épanouissement de son protégé.
Sophie
DUMAS & Patrick LAFFONT